La reconnaissance sociale du voyant
Il n'existe aucun organisme officiel qui en France structure et regroupe entre eux les voyants professionnels. Il n'y a pas de syndicat, d'association ou d'institut officiellement et unanimement reconnu par la profession. Il n'en existe d'ailleurs pas plus dans les pays étrangers.
Il n'existe pas non plus de revues professionnelles d'informations ou des documentations à l'usage des praticiens, pas plus que de colloques ou de symposium institutionnalisés et réguliers susceptibles de dispenser des formations ponctuelles et des rencontres informatives entre professionnels et/ou avec des intervenants spécialisés.
Tout au plus, nous relevons l'existence de nombreux salons de la voyance qui, partout en France et de manière récurrente, propose au grand public des consultations avec des praticiens qui y louent des emplacements. Mais ce genre d’événement n'a aucune autre fonction que celle de mettre à disposition des voyants à consulter.
Un des problèmes de fond est que rien ne définit légalement à ce jour le phénomène de voyance et la profession de voyant. Le législateur qui a dépénalisé l'activité de prédire l'avenir n'a pas pris le risque de poser ce problème. C'est compréhensible car cela reviendrait à déclarer que la voyance existe alors qu'il n'en est pas sûr - paradoxe étonnant quand on sait que tant de gens au pouvoir consultent des voyants. Par ailleurs, il considère sans doute que cela n'est pas une activité très importante et qu'il a d'autres chats à fouetter. C'est ainsi que la profession se retrouve prisonnière d'un cercle vicieux.
Comme il n'y a pas de législation qui définit ce qu'est un voyant ou/et ce qu'est une consultation de voyance, n'importe qui peut démarrer cette activité et l'exercer sous différentes formes. Ces multiples manières de travailler amènent les praticiens à différentes conceptions du métier et à différentes formes de consultation au sein de différents types de cabinet. De plus, la société renvoyant l'idée que la voyance n'est pas une affaire très sérieuse, nous rencontrons des praticiens qui souffrent du singulier paradoxe d'exercer une profession avec l'impression qu'ils exercent une activité anormale. Cette impression renforce d'ailleurs celle qu'a le grand public qui finit par penser aussi que la voyance n'est ni vraiment normale, ni totalement sérieuse, ce qui cantonne ces métiers à demeurer dans ses paradoxes et ses confusions. Dans cette situation et face à la multiplicité des pratiques, les professionnels qui ont tenté de mettre en oeuvre des idées en essayant de susciter des réflexions éthiques ou la création d'associations professionnelles ou ne serait-ce que de parler de la possibilité de rassembler la profession se sont souvent retrouvés bien seuls. Confrontés à une inertie, certains ont fait le constat que le monde de la voyance n'avait pas envie d'être dérangé pour remettre en question des choses et s'accommodait finalement très bien de la situation.
De fait, puisque les professionnels demeurent inorganisés, ils n'ont aucun moyen d'être considérés sérieusement par les pouvoirs publics pour aboutir à une législation qui définirait par exemple un peu mieux les règles d'une consultation en préconisant également des modalités pour devenir un praticien professionnel. Cette absence de règles aboutit au fait que n'importe qui peut démarrer la profession de voyant et entretient le cercle vicieux.