[ARTICLE] Arts Divinatoires : Peut-on répondre par OUI ou par NON ? (partie 1)
La divination commence par répondre OUI ou NON
Les premiers Hommes se demandaient « Est-ce qu’en partant dans cette direction, nous allons trouver du gibier ? », « Est-ce qu’en installant le camp à cet endroit, nous serons en sécurité ? ».
Les premiers oracles inventés ont eu pour fonction de répondre de manière à choisir entre deux alternatives possibles ou de confirmer l’exactitude de divinations plus sophistiquées. Ainsi pourrait-on dire que la divination a pour origine de pouvoir répondre à des questions fermées, c’est-à-dire à des questions dont les réponses sont « oui » ou « non ».
Ces oracles primitifs du « oui » ou du « non » reposent sur l’idée fondamentale qu’il y a deux énergies de base dans l’univers :
- l’une induit l’action
- la seconde le repos.
Les devins chinois utilisaient les chiao pai, deux morceaux de bois taillés en virgule avec une face plate et l’autre arrondie. La bible hébraïque évoque Urim et Thummim comme des oracles primitifs dont les usages étaient les mêmes et les textes antiques racontent comment devins jetaient des coquillages et tous ces objets à deux faces telles que les pièces de monnaie pour répondre oui ou non.
L’interprétation des chiao pai se faisait ainsi :
- si les deux faces bombées retombent sur le dessus, c’est une réponse Yin qui indique « repose-toi, attends, renonce, reste ici ».
- si les deux faces plates apparaissent, c’est Yang et cela dit : « vas-y, agis, fais, mets-toi en mouvement ».
- si une face de chaque apparait, la réponse est neutre ou incertaine, l’oracle ne peut pas prendre position, le consultant est renvoyé à lui-même.
Mais les devins, sur bien des continents, ont complexifié peu à peu les usages pour apporter des nuances et percevoir d’autres réponses que « oui », « non » ou « peut-être ».
L’alternance de l’énergie « Yin » et « Yang » se retrouve dans la construction des fameux hexagrammes du Yi-Jing. Composé d’une superposition de six traits brisés ou pleins respectivement Yin et Yang, ils peuvent être obtenus par six lancers successifs de trois pièces qui retombent chacune sur pile ou face.
En Afrique de l’Ouest, la tradition Santeria vénère la noix de coco et le Biague est le nom donné au système de divination qui emploie quatre morceaux de noix de coco soigneusement découpés pour qu’ils aient une face blanche et une face brune.
Après avoir fait une offrande aux esprits maîtres de cet oracle Orishas, on pose une question fermée (dont la réponse doit être oui ou non) et on jette les 4 morceaux de noix de coco. Selon comment ils retombent, 5 réponses sont possibles ce qui amène davantage de subtilité.
Après avoir posé une question, on jette quatre morceaux de noix de coco et on regarde comment ils retombent :
Alafia. Quatre morceaux blancs vers le haut : c’est un OUI catégorique
Etawa. Trois blancs et un brun vers le haut : il y a de l’espoir mais c’est l’incertitude nécessitant d’interroger à nouveau l’oracle. Si on retombe, sur Etawa, c’est le non qui l’emporte.
Elleife. Deux blancs et deux bruns vers le haut : c’est un OUI absolument positif
Okana. Trois bruns et un blanc vers le haut : c’est un NON qui révèle des dangers, des difficultés cachées.
Oyekun. Quatre bruns vers le haut : c’est un NON catégorique qui révèle des prises de risque très importants
Exemple de convention avec 3 pièces.
C’est la méthode employée pour tirer le Yi-Jing. En jetant 3 pièces vous avez 4 résultats possibles et vous pourriez associer 4 réponses possibles :
3 faces = « on y va, on se met en route, on avance »
3 piles = « on attend, on renonce, on réfléchit »
2 faces, 1 pile = « on avance mais dans une autre direction, c’est un plan B qui l’emporte »
2 piles, 1 face = « on évalue ses forces et on se met en route bien plus tard pour quelque chose d’autre »
Comment faire avec un jeu de cartes ?
Ce sera l’objet de la partie 2 de cet article que je vous enverrai dans la newsletter de la semaine prochaine…
Bonne semaine !
Alexis