Combien peut gagner un voyant ? [ARTICLE]
Aujourd’hui, c’est une question fréquente que j’aborde en détaillant deux manières de travailler :
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Collaboration avec une plateforme qui apporte les clients
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Développement d’un cabinet individuel en auto-entreprise
Les revenus des voyants sont variés et sujets à beaucoup de spéculations et d’amalgames. Connaître précisément le volume de consultations et le chiffre d’affaire de la profession est extrêmement compliqué car les praticiens déclarés ne sont pas toujours affiliés aux bonnes classes de la nomenclature INSEE.
1 – Cas du praticien qui travaille pour une plateforme de voyance immédiate par téléphone.
Les chiffres d’affaire générés par ces entreprises pour les plus célèbres peuvent avoisiner plusieurs millions d’euros par an. Ce sont des sociétés commerciales qui exploitent des portails internet et des réseaux audiotels qui vendent de la consultation téléphonique immédiate et toutes sortes de services associés : horoscope, thème astrologique, tirage de tarot, messagerie sms etc.
Les praticiens qui travaillent en bout de chaîne, généralement depuis chez eux au moyen d’un transfert téléphonique sont rémunérés de plusieurs façons possibles.
S’il font des consultations privées, ils touchent 40 à 50% du chiffre d’affaire que la plateforme a facturé au client. Généralement ce sont des consultations de 20 minutes à 1h qui sont facturées par CB avec un prix à la minute ou un forfait. Pour le client cela revient souvent très cher et le praticien ne touche bien souvent qu’une fraction de ce que le client a payé. Le praticien paye en quelque sorte le fait qu’il n’a pas eu à se soucier des clients…
L’autre façon d’être rémunéré est dépendant du système d’appels surtaxés : le client ne paye rien par CB directement, c’est la communication téléphonique et donc l’opérateur qui se charge d’encaisser par ce qu’on appelle un numéro surtaxé.
La plateforme est rémunérée en fonction du temps que l’appel téléphonique a duré. Bien souvent l’appel comprend à la fois le temps d’attente et le temps de consultation. Et comme en France, suite à de nombreux abus, ce genre de système interdit des communications téléphoniques supérieures à 30 minutes, il arrive souvent que les clients passent une demi-heure à attendre sans jamais avoir eu le temps de parler au voyant sélectionné. Malgré tout, l’attente passée au téléphone est payante…
La rémunération du voyant avec ce système tourne souvent autour de 4,50 € par heure d’attente générée : les clients qui attendent à la queue-leu-leu de parler au praticien sélectionné payent leur communication surtaxée. Plus il y a de clients qui attendent le praticien sélectionné, plus la plateforme gagne et plus le reversement au voyant est important. Mais pour que ce système fonctionne bien, il faut avoir une excellente réputation sur la plateforme en question pour que les clients de celle-ci aient envie de vous parler à vous quitte à faire la queue pendant longtemps.
Et pour y parvenir, il faut y être très présent sur la plateforme (plusieurs heures consécutives par jour, c’est-à-dire ne faire quasiment que cela) et accumuler les très bons commentaires que l’on demande de laisser aux consultants une fois l’entretien terminé.
Lorsque la plateforme ne lésine pas sur son budget publicitaire à grand renfort de slogans tapageurs promettant de la voyance gratuite, immédiate et fiable, beaucoup de clients appellent : le profil type de ces consultants sont des personnes très angoissées qui veulent une réponse tout de suite, sans attente, et à 80% la question posée est une question de vie amoureuse qui ne marche pas bien du tout.
Pour les praticiens les mieux notés et pas trop fatigués par ce système de travail très exigeant, les reversements se démultiplient et forment un salaire conséquent.
Selon certains professionnels rencontrés, il y a quelques plateformes stars et un grand nombre d’autres qui végètent faute de moyens publicitaires et aussi et surtout parce que ce qu’elles proposent n’est pas à la hauteur.
Il n’est pas rare de rencontrer des voyants qui arrondissent leur fin de mois sur plusieurs plateformes à la fois en ayant en réalité que très peu d’appels parce que celles-ci ne sont tout simplement pas si bien fréquentées que cela : elles n’ont pas clients.
Les praticiens sont évidemment très discrets sur leurs revenus mais, sur les plateformes les plus en vogue, ceux qui travaillent plus de 5 ou 6 heures par jour, 4 à 5 jours par semaine constituent un salaire assez confortable autour des 4000 euros. Pour les plus courageux ayant réussi à cumuler d’excellentes critiques, la rémunération peut grimper à plus de 5-6000 euros nets, voire beaucoup plus.
Dans les faits, ces praticiens-là sont très rares car suivre un tel rythme implique une force physique et psychologique que tout le monde n’a pas.
En vérité, beaucoup ne tiennent pas le choc ; un tel rythme ne fonctionne jamais que quelques temps et certains, rattrapés par leur conscience finissent par abandonner car ce sont toujours les mêmes clients, les mêmes questions, le même genre de réponses.
Beaucoup de praticiens collaborent avec des plateformes en ayant leur propre cabinet individuel par ailleurs, voire en ayant déjà un autre emploi traditionnel.
Travailler et réaliser des consultations sur de telles plateformes n’est alors pour eux qu’un moyen d’obtenir un complément de salaire, en exerçant leur passion et en gérant facilement leur agenda.
Travailler sur ce genre de plateforme peut aussi être un excellent moyen « de se faire la main », de « s’entrainer » avant d’ouvrir son cabinet individuel plus profitable.
2 – Cas du voyant indépendant qui travaille seul dans son propre cabinet
Ces professionnels sont des travailleurs non-salariés déclarés en tant qu’indépendants, souvent affiliés au régime des auto-entrepreneurs qui est en France, extrêmement pratique. Ce régime très simple permet d’être complètement assisté dans les démarches administratives et de démarrer une activité sans pression : si on ne gagne rien, on ne paye rien.
C’est un statut qui permet très souvent de cumuler l’activité de voyant avec une autre activité de salarié que l’on exerce à mi-temps par exemple, pour garder une sécurité. Attention, il faut souvent l’accord de l’employeur et certaines administrations n’autorisent pas l’exercice en parallèle d’une telle activité.
Lorsque vous choisissez ce statut, vous avez une déclaration de chiffre d’affaire à réaliser tous les mois ou tous les trois mois et une fraction de ce chiffre à reverser aux organismes sociaux. Tant que votre chiffre d’affaire annuel ne dépasse pas 72600 € (soit 6050 € / mois), vous pouvez bénéficier de ce statut : le pourcentage à reverser aux organismes sociaux est d’environ 25% du chiffre d’affaire.
Les 20% de TVA au delà de 36500 € / mois
Vous n’êtes pas obligé de collecter la Taxe sur la Valeur Ajoutée tant que votre chiffre d’affaire annuel ne dépasse pas 36500 € (soit 3041 € / mois). On appelle cela la franchise en TVA.
À partir du jour, où cela dépasse, et pour les années qui suivent, l’auto-entrepreneur doit collecter et reverser la TVA à l’état.
Concrètement cela signifie qu’à partir du moment où le praticien voit qu’il dépasse le seuil, il doit augmenter ses prix de 20% (le montant de la TVA). S’il facture ses consultations 100 €, pour continuer à faire ce même chiffre d’affaire et pas baisser son propre niveau de revenus, il doit du jour au lendemain facturer 120 €. Les 20 € supplémentaires sont la TVA qui doivent être reversés tous les mois ou tous les trimestres aux services des impôts.
Mais bref, cela ne concerne que les personnes qui réalisent un chiffre d’affaire supérieur à 36500 €.
Tant que l’on ne dépasse pas, les charges prélevées par l’état pour la couverture sociale tournent autour de 25%.
Mais alors, Concrètement, combien gagne un voyant ?
Tant qu’il ne dépasse pas 36500 € par an, pour 100 € de chiffre d’affaire, il conserve 75 € dans sa poche. Avec ça, il paye son loyer, ses impôts, ses fournitures, etc. Bref il vit.
La calcul devient vite très simple : pour gagner un SMIC net mensuel (1269 € net à temps plein), il faut en fait réaliser 1586 € de chiffre d’affaire.
Cela représente en moyenne par exemple :
- 10 consultations par mois à 160 € soit 2 à 3 consultations par semaine à 160 €
- ou bien 20 consultations à 80 € soit 5 consultations par semaine à 80 €
- ou encore 27 consultations à 60 € soit 7 consultations par semaine à 60 €
Pour un praticien débutant, c’est très faisable ! Mais évidemment ce n’est qu’un SMIC.
Cette histoire de plafond à 36500 € est un peu embêtante car du jour au lendemain, si on dépasse, il faut soudain augmenter ses prix de 20%.
Si on ne dépasse pas et que l’on se maintient à ce plafond, cela représente quand même 2281 € net / mois. (36500 – 25%) / 12
Pour se faire un revenu de 2281 € par mois, cela représente en moyenne :
- 34 consultations par mois à 90 € soit 9 consultations par semaine à 90 €
- ou bien 61 consultations par mois ) à 50 € soit 15 consultations par semaine à 50 €
Évidemment plus on demande des honoraires élevés, plus le nombre de consultations nécessaires est réduit, c’est logique.
Un praticien indépendant peut assez bien gagner sa vie finalement s’il fait des consultations payantes à un prix ni trop modeste, ni trop élevé.
Et si on dépasse 36500 € par an ?
Dans ce cas, c’est que l’activité est déjà très bien développée. Pour un praticien motivé qui est à l’aise avec le développement commercial de son activité, c’est un chiffre qui peut être atteint en deux ou trois ans.
Dans ce cas, il faut prévoir d’augmenter ses prix de 20% (la TVA), pour redonner cette somme à l’état. Ainsi en va-t-il de la fiscalité en France (et dans beaucoup d’autres pays !).
Si vous demandez 120 € par consultation, 20 € sont de la TVA et sont à verser aux impôts. Ensuite, 25% du chiffre sont prélevés pour les organismes sociaux comme expliqué précédemment. Il vous reste donc 75 € net sur les 120 € payés par le consultant.
Si vous faites 10 consultations par semaine à 120 € alors, vous gagnerez 750 € net par semaine soit pas loin de 3000 € net / mois. C’est le salaire d’un cadre moyen. En France, c’est au dessus du salaire médian qui tourne autour de 2300 € net / mois.
Selon l’observatoire des inégalités (https://www.inegalites.fr/Salaire-etes-vous-riche-ou-pauvre) , avec une rémunération de 3000 € net / mois, 81% des salariés gagnent moins que vous.
Encore faut-il arriver à développer son activité pour avoir 10 consultations par semaine en moyenne. Et aussi assumer de demander 120 € pour une consultation. Mais c’est faisable. Plusieurs stagiaires qui avaient ce projet l’ont largement réalisé.
En France, les praticiens demandent en moyenne entre 60 et 150 €.
Selon votre expérience et votre réputation, selon votre ancienneté et la qualité de ce que vous apportez, vous pouvez demander plus ou moins cher…
Tout cela écrit semble très simple mais il s’avère que la plupart des praticiens qui se lancent ne sont pas du tout à l’aise avec le fait de demander une rémunération. C’est souvent en lien avec des questions d’éducation et de croyances limitantes.
« Qui suis-je, moi pour oser demander 120 € pour une consultation ? »
C’est la manifestation du syndrome dit de l’imposteur…
Assumer son prix demande un effort et exige d’être compétent.
« Si vous avez un don, vous devriez travailler gratuitement ! »
C’est le genre de bêtise qu’on peut lire sur internet de la part de personnes complètement à côté de la plaque qui n’ont souvent aucune notion des réalités de la vie matérielle.
N’empêche que ce problème d’argent demandé en échange d’une consultation revient souvent dans les coachings que je réalise avec des praticiens débutant ou en passe de l’être. C’est souvent source de problèmes :
- « Si la personne paye, puis-je tout lui dire, y compris ce qui ne lui fait pas plaisir ? »
- « Faut-il un service après vente ? Comme la personne a payé, je fais souvent une question gratuite après coup, pour faire plaisir… mais cela me fatigue beaucoup… »
- « En augmentant mes prix, j’ai peur de perdre mes clients ? »
Je pourrais allonger la liste !
Si vous faites des consultations, alors c’est le genre de questions qui pourraient vous traverser.
C’est entre autre pour aborder toutes ces questions et voir comment y répondre que nous avons, avec Didier Goutman mis en place un Master-Class spécial dédié aux personnes qui font ou veulent faire des consultations rémunérées. Car cela n’est pas un acte anodin !
Il se déroulera Vendredi 25 février de 14h à 17h entièrement en Visio sur Zoom.
Pour vous inscrire c’est ici : https://www.clevao.com/se-former-intuition-arts-divinatoires/masterclass/
Voici la présentation de cet atelier :
Consultant-Praticien et pratique rémunérée : enjeux et limites, comment éviter les écueils et maitriser la relation ?
Vendredi 25 février de 14h à 17h animé par Didier Goutman – MASTER CLASS EN VISIO
Comment gérer cette question d’argent et qu’est-ce que cela implique dans la consultation ?
Objectifs :
La pratique rémunérée des arts divinatoires pose des questions de pratiques, de techniques, de perceptions… mais aussi des questions fondamentales de relations.
Comme toute situation d’aide, de conseil, de coaching ou de thérapie, la consultation est d’abord la rencontre entre un praticien et un consultant.
Cette relation est donc aussi toujours le lieu de jeux conscients et inconscients, d’attentes, de peurs, d’ambiguïtés, de non-dits, d’ambivalences qu’il convient de percevoir et de décrypter au mieux.
A fortiori dans un monde où les situations concernées sont peu évoquées, mal définies, et même toujours un peu suspectes…
Au programme :
- La situation de consultation : cadre et limites, questions de communication, risques d’incompréhension…
- Les attentes et les freins des consultants : ambivalences, espérances, réticences, résistances, dépendances…
- Les écueils possibles pour les praticiens : peurs, défenses, emprise et toute puissance…
Cet atelier fera naturellement une large part aux expériences, aux témoignages aux questions et aux difficultés des participants.
Pour s’inscrire, c’est ici : https://www.clevao.com/se-former-intuition-arts-divinatoires/masterclass/
Merci d’avoir lu jusque là, à la semaine prochaine.
Alexis.