Divination et Synchronicité : le Pouvoir de l’Intention [ARTICLE]
Un nouvel extrait de mon dernier livre…
Si vous me suivez depuis longtemps, vous le savez, mon dernier livre est sorti il y a plusieurs mois aux éditions Eyrolles et s’intitule « Le grand livre des arts divinatoires ».
Aujourd’hui je vous propose d’en lire un extrait issu de la partie introductive qui fait le lien entre Divination et Synchronicité.
Qu’est-ce qu’une synchronicité ? le scarabée de Carl Gustave Jung
Jung a forgé la notion de synchronicité en constatant comment le hasard apparent et le chaos de nos vies pouvaient parfois se mettre en ordre et s’organiser pour soudain avoir du sens. Ainsi Jung raconte-t-il sa consultation avec une patiente qui lui relatait un rêve. Dans celui-ci elle voyait un magnifique scarabée. Au moment où elle prononce ces paroles, Jung qui est assis à côté de la fenêtre s’aperçoit qu’un scarabée doré tapote la vitre comme s’il désirait entrer. « Le voilà, votre scarabée » lui dit-il. L’apparition inopinée de l’insecte qu’elle avait vu dans un rêve au moment même où elle en parlait fut un moment extrêmement important qui participa grandement à son évolution.
La divination repose sur des outils et des moyens que l’on nomme mancies ou supports. Dans ce livre nous allons en explorer quelques-uns parmi les plus archaïques et d’autres parmi les plus connus composés le plus souvent de cartes illustrées.
Même si leur fonctionnement et les interprétations à produire sont différents de l’un à l’autre, le principe fondamental est toujours le même et ressemble à la création artificielle d’une synchronicité reposant elle-même sur une convention de sens.
Lorsqu’on emploie un support divinatoire, une question est d’abord posée : c’est l’intention de répondre à une interrogation. Ensuite, l’art divinatoire est mis en œuvre et fournit une « occurrence ». Quand on utilise le tarot, l’occurrence, ce sont les cartes qui viennent d’être retournées. Si on utilise de l’encre, c’est la tache que l’on vient de produire sur sa feuille. Si on boit un petit café, c’est la trace que l’on a laissé au fond de la tasse.
Cette production physique, cette marque produite, est la manifestation dans le réel de la question. Elle est comme une signature qui s’interprète comme étant la réponse.
Il n’y a pas de rapport de cause à effet direct entre la question posée et l’occurrence qui apparait. Si on se demande l’évolution d’une relation avec quelqu’un, ce n’est pas ce « quelqu’un » qui fait directement apparaitre tel ou tel signe dans le support employé. C’est l’intention émise par le demandeur qui agit comme un lien inconscient de signification. C’est un lien de sens semblable à celui qui se joue lors d’une synchronicité.
C’est le psychiatre suisse Carl Gustav Jung (1875-1961) qui développe le concept de synchronicité. Cela peut se définir comme la survenue en même temps de deux évènements distincts et séparés dans le sens où ce n’est pas l’un qui provoque l’autre ni l’autre qui provoque l’un. Les deux évènements ne sont pas joints par un lien de cause à effet. Mais, pour la personne qui les vit, les deux évènements possèdent un sens très fort et souvent bouleversant.
Cela ressemble à une coïncidence dont l’impact sur le psychisme de la personne qui la vit est très fort. Une synchronicité donne l’impression que ce qui nous est extérieur est finalement bien relié à ce qui est intérieur. Le monde autour dans son apparente inorganisation se révèle en ordre rangé et logique comme si tout l’univers autour s’agençait avec cohérence pour répondre à une préoccupation ou simplement envoyer un clin d’œil en disant : « c’est bien tu es sur la bonne route, regarde comme tout est à sa place. »
Pour Jung, la conscience individuelle de chaque individu est reliée à toutes les autres et forment un « inconscient collectif ». Cette grande et large matrice est comme une base de données universelles constituées de la somme des expériences humaines et des inconscients de chaque être.
Jung s’intéressera beaucoup au Yi-Jing, et verra dans ce support divinatoire chinois, la mise en œuvre provoquée d’une synchronicité. Pour Romuald Leterrier et Jocelin Morisson c’est même la manifestation d’une communication du futur avec le présent. Pour eux, la synchronicité peut se considérer comme un message qu’envoie le futur dans le présent : un message symbolique et métaphorique indicateur d’une direction qu’il faut suivre pour arriver jusqu’à lui.
Selon Jung, l’intention portée par une question posée et le fait de tirer tel ou tel hexagramme de Yi-Jing n’est rien d’autre que la manifestation de l’inconscient humain, d’une partie supérieure de celui-ci, transcendantale sans doute, qui quelque part connait la réponse et « sait » sur quelle figure il faut tomber et comment guider la main pour le fabriquer. Lorsqu’il s’agit de tirer une carte plutôt qu’une autre pour répondre à une question, c’est cette même partie de l’être qui d’un certain point de vue « sait » où se trouve la meilleure carte contenant le meilleur symbole possible pour illustrer la réponse.
L’intention d’obtenir la réponse à une question en interrogeant un support divinatoire suffit à le faire fonctionner.
À condition qu’il soit bien construit. Pour bien répondre, un art divinatoire doit pouvoir fournir un nombre de réponses suffisamment grand et représentatif de toutes les expériences possibles que font les hommes ici-bas. De la naissance à la mort, on doit retrouver toutes les étapes fondamentales de l’existence. Enfant par exemple, on est éduqué, on apprend, on grandit, on rencontre les figures archétypales des parents et de l’instructeur. Plus tard, on est guidé pour s’enrichir d’expériences différentes, agréables ou pas, faciles à vivre ou lourdes de conséquences mais qui ont toutes en commun de développer l’être. Une vie est une succession d’évènements et de situations contrastées exigeant parfois que l’on travaille beaucoup avant de pouvoir être satisfait ou jouir d’un épanouissement mérité.
Un art divinatoire bien construit est une représentation schématique de l’ensemble de l’expérience de vie d’un être humain. C’est ce que l’on retrouve dans les lames majeures et mineures du Tarot de Marseille comme dans l’Oracle de Belline.
Merci d’avoir lu jusque là !
À la semaine prochaine.
Alexis.